occupa en 1778 la chaire de minéralogie docimastique (examen et analyse des minerais) de l'Ecole publique installée à la Monnaie de Paris. Romé de Lisle et Chaptal sortirent de cette école qui était cependant loin de remplir le but que Sage s'était proposé, à savoir la formation d'ingénieurs propres à diriger les travaux des mines. Bien qu'il y aurait beaucoup à dire sur ses ''qualités'' d'expérimentateur et de théoricien, on ne peut lui refuser l'honneur d'avoir créé la docimasie en France, et surtout d'avoir été le promoteur, en 1783, de l'Ecole des Mines (qu'il n'aurait pu, il est vrai, faire fonctionner sans l'aide de Guillot-Duhamel père). Sage fut donc le premier directeur de l'Ecole des Mines où il enseigna la minéralogie et la docimasie de 1783 à 1790. Il avait en outre rassemblé depuis 1760 d'importantes collections qu'il céda alors au roi, moyennant une rente viagère de 5000 livres; ces collections demeurèrent à l'Hôtel des Monnaies jusqu'en 1824. Lorsque Lavoisier fit ses grandes découvertes et que la plupart des savants se ralliaient ou s'étaient déjà ralliés aux théories de cet auteur, il refusa de se rendre à l'évidence et enveloppa dans une haine commune la révolution sociale et la révolution scientifique qui signalèrent la fin du XVIIIe siècle. Il fut cependant plus chanceux que Lavoisier puisque ses opinions royalistes ne lui attirèrent que quelques mois de captivité. Aussi peu prospectif en minéralogie qu'en chimie, Sage combattit les vues d'Haüy et se rangea dans le clan de ceux qui croyaient accabler ce savant exceptionnel en le traitant de cristalloclaste.
Il publia de nombreux articles et mémoires dont: Eléments de minéralogie docimatique (Paris, 1772 et 1777); Mémoires de chimie (Paris, 1773); Analyse chimique et concordance des trois règnes de la nature (Paris, 1786); Théorie de l'origine des montagnes (1809); Propriétés du tabac et analyse de la poudrette (1821); Théorie de la vitalité (1823)...
Extrait de la Notice historique sur l'Ecole des mines de Paris, 1789, par Louis Aguillon :
Sage, né à Paris le 7 mai 1740, mort en 1824, fils d'un pharmacien, après de bonnes études au collège Mazarin, s'adonna à l'étude de la minéralogie et de la chimie docimastique. Cependant, bien qu'il fut admis à l'Académie des sciences à l'âge de 30 ans, son mérite ne semblait pas répondre au bruit que volontiers il faisait autour de son nom. M. Grimaux le présentait comme étant "un expérimentateur maladroit, imagination fantaisiste, qui a beaucoup publié, beaucoup écrit, beaucoup entassé erreurs sur erreurs, et n'a pas laissé dans la science un seul fait bien observé ...". Il s'associa avec son ennemi Monnet pour dénoncer les théories de Lavoisier, et celles de Haüy. Il était , sans contredit, supérieur à Monnet par la culture générale, et ils tirèrent ensemble les dernières cartouches en faveur du phlogistique à une date où tous les bons esprits pourtant s'étaient déjà ouvertement ralliés aux théories de Lavoisier. Atteint de cécité en 1805 et dépouillé de toutes ses pensions à la suite des événements politiques, Sage connut une fin assez misérable. Le seul fait important à mettre à l'honneur de ce personnage, fut son rôle prépondérant dans la création de l'école des Mines de Paris. Concernant le rôle de Sage dans la création de l'Ecole des Mines de Paris, voir notamment Chapitre 1 de la Notice Historique de Louis Aguillon |