MUSÉE DE L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS

60 boulevard St Michel, 75006 Paris

Nécessité des grandes collections de minéralogie

L'Hôtel de Vendôme

Collection systématique

Collection de types

Collection par localités

Collection départementale

Collection de gemmes et de météorites

Gestion des collections

Une renommée internationale

Echantillons remarquables

 

Histoire de la collection minéralogique

Photos

Le Bergbüchlein

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NÉCESSITÉ DES GRANDES COLLECTIONS DE MINÉRALOGIE

La minéralogie, comme les autres sciences naturelles, est basée sur l'observation ; or, en dehors des gisements, seules les collections donnent la possibilité d'avoir à disposition de nombreux échantillons permettant pour chaque espèce l'étude des diverses propriétés, des associations... A cet égard, l'Ecole des Mines est, en France, parfaitement exemplaire.

La synthèse des cristaux est actuellement à l'ordre du jour, mais l'écorce terrestre est certainement le centre de synthèse le plus riche en possibilités, dont une, le temps, pris dans son sens géologique, manque cruellement aux scientifiques. Faute de moyens de collecte et de conservation, nous laissons perdre la plupart de ces productions naturelles qui représentent pourtant l'aboutissement de processus physico-chimiques souvent impossibles à reproduire artificiellement. De plus, le développement des méthodes modernes d'exploitation des mines rend difficile la sauvegarde des échantillons au cours des travaux et nous assistons aussi à la disparition rapide des zones superficielles des gisements riches en espèces bien cristallisées.

Il est de plus illusoire de vouloir conserver les minéraux in situ, du fait des nécessités de l'exploitation dans les mines, de l'altération atmosphérique et de la végétation pour les gîtes superficiels, de l'attrait des sites protégés, et donc désignés aux " amateurs casseurs " les collections constituent donc la seule méthode de sauvetage des échantillons formant les bases pratiques de la minéralogie et de nombreuses autres disciplines connexes ou dérivées.

Dans l'esprit indiqué précedemment ,une collection publique moderne de minéralogie doit donc comporter:

· une exposition des plus belles pièces, isolées en " écrins " ou sur supports, de manière a exalter leur beauté ou leur étrangeté pour éveiller ou développer chez le visiteur l'intérêt et le goût des minéraux

· une exposition didactique permettant au novice d’acquérir rapidement les connaissances nécessaires à une visite plus fructueuse

· enfin les collections systématiques, matériaux de travail pour le minéralogiste comme pour le chimiste ou le physicien, et matériaux de référence pour les amateurs.

 

L'HÔTEL DE VENDOME

 

Les collections de minéralogie et de pétrographie occupent le premier étage de l'hôtel de Vendôme qui abrita l'ensemble de l'Ecole des Mines de 1815 à 1852, avant que cette superbe demeure du l8ème siècle ne fût défigurée par des agrandissements disgracieux et par les grands travaux du siècle dernier.

L'hôtel dit de Vendôme est la principale relique de ce qui fut jadis le plus populaire des couvents de Paris, la Chartreuse de Vauvert fondée par Saint-Louis, célèbre par son vignoble, le clos de la Forge, à l'emplacement duquel est situé l'Ecole !

De 1706 à 1707, les Chartreux firent, " sous la conduite de Le Blond " construire aux frais d'Antoine de La Porte, chanoine de Notre-Dame, " une grande maison " (dont contrairement à la légende, l'architecte ne fut pas Courtonne mais Jean-Baptiste Alexandre Le Blond, 1679-1719). L'hôtel fut loué en 1714 par la duchesse de Vendôme qui, deux ans plus tard, le fit modifier tel qu'à présent par Le Blond. La duchesse, petite-fille du Crand-Condé, morte d'alcoolisme en 1718, ne paraît pas être une marraine prestigieuse pour cette demeure, mieux illustrée par la famille de Chaulnes (qu'elle abrita de 1733 à 1758) et, en particulier, par Michel-Ferdinand d'Albert d'Ailly (1714-1769), duc de Chaulnes. Membre de l'Académie des Sciences, il se consacra à la physique, en particulier à l'optique (la méthode de Chaulnes, pour la mesure des indices de réfraction) et aux instruments de mesure ; comme tous les savants de l'époque, il s'intéressait aux sciences de la nature et son Musée d'Histoire naturelle fut en ces lieux l'ancêtre, disparu, hélas de nos actuelles collections qui, seules, permettent aujourd'hui d'admirer la célèbre enfilade des pièces de l'hôtel de Vendôme.

Les promeneurs qui traversent l'esplanade méridionale du Jardin du Luxembourg foulent l'ancien jardin de Le Blond malheureusement ils n'aperçoivent, au-dessus d'une grille et de serres disgracieuses, qu'une faible partie mal individualisée de la façade d'une des plus belles demeures du Siècle des Lumières.

La partie du premier étage de l'hôtel de Vendôme (où sont exposées les collections de minéralogie et de pétrographie) offre un cadre parfaitement adapté aux exigences d'une grande collection moderne de minéralogie ; la longue suite des pièces largement ouvertes sur le jardin du Luxembourg a été réservée aux collections systématiques et à divers ensembles d'intérêt particulier. Les deux antichambres, (salle A et salle B appelée aussi Salle Haüy) auxquelles on s'est efforcé de conserver leur élégante allure du XVIIIème siècle, ont été consacrées à la mise en valeur des plus belles pièces, dans l'esprit indiqué plus haut.

Voir aussi :Histoire de l'Ecole des Mines de Paris par G. Chesneau (1932)

 

LES DIVERS TYPES DE COLLECTION

COLLECTION SYSTEMATIQUE

Claude Guillemin qui à partir de 1957 réorganisa et enrichit la collection du Musée de l'École des mines de Paris a écrit : " On pourrait laisser croire, que, comme trop de conservateurs , je considère que seuls les échantillons spectaculaires font la valeur d'une collection. Il n'en est rien ; je crois profondément que Si les pièces exceptionnelles réjouissent le coeur des collectionneurs que sont fort heureusement la plupart des conservateurs, et permettent de mieux comprendre les possibilités du monde minéral, elles ne sont cependant qu'un des aspects spectaculaires et parfois esthétiques de la valeur de nos collections, qui doivent d'abord être un instrument de travail irremplaçable et sans cesse perfectionné pour tous les scientifiques devant se référer aux matériaux naturels. "

Cette citation, extraite du préambule de l’ouvrage intitulé " En visitant les grandes collections minéralogiques mondiales " (C. Guillemin, 1972), est surtout destinée aux conservateurs qui ont tendance à négliger la valeur scientifique de leur musée... pour se consacrer exclusivement à la recherche de la pièce de compétition internationale, oubliant du même coup qu’un conservateur de musée n'est pas seulement un grand collectionneur privé. Par chance, les responsables du Musée de l'École des Mines ont su, tout en mettant en œuvre les moyens indispensables à l'enrichissement du contenu des vitrines d'exposition, accroître le patrimoine purement académique de l'ensemble initial, support essentiel des travaux scientifiques de tous ordres. Grâce à un effort qui se poursuit depuis trente années, visant à nouer des relations d'échange avec les laboratoires, les musées et les collectionneurs du monde entier, le musée est justement lier de posséder actuellement une des plus importantes collections Systématiques et l'une des quatre plus grandes collections d'espèces types.

La collection systématique totalise environ 25 000 échantillons, Si l'on inclut les spécimens exposés. On peut estimer le nombre d'espèces minérales explicitement reconnues et bien définies à 3 500 environ, mais chaque espèce est représentée, quand cela est possible, par plusieurs localités parmi les plus intéressantes. Bien entendu, les minéraux les plus rares Sont illustrés par un seul spécimen, tandis qu'une espèce comme la calcite occupe plusieurs tiroirs de rangement. D'autre part, le musée conserve un grand nombre de variétés et d'espèces douteuses ou incomplètement définies. En effet, durant une longue partie de leur histoire, les minéralogistes ont publié une multitude de nouvelles descriptions, basées la plupart du temps sur des analyses chimiques, sans aucune concertation internationale : l'utilisation des propriétés optiques comme critère d'identification ne date que de 1850, et celle des rayons X ne remonte qu'aux années 20, et encore, uniquement pour les laboratoires de minéralogie les mieux équipés le résultat est l'existence d'environ 20 000 noms donnés à des variétés, des mélanges, des produits artificiels ou redondants. Ce n'est qu'en 1959 qu'a été décidée la création, au sein de l'Association internationale de minéralogie, elle-même fondée en 1957, d'une commission chargée d'examiner les questions de nomenclature minéralogique. Aujourd'hui la grande majorité des descriptions de nouvelles espèces est soumise au contrôle de spécialistes de plusieurs pays, qui en votent ou non la validité. Une nouvelle espèce ne peut être homologuée que si la publication comporte les éléments caractéristiques suffisants pour justifier son individualité analyse chimique précise, propriétés optiques, propriétés cristallographiques détaillées. On exige également qu'au moins un échantillon type soit dûment répertorié dans un musée. Trois ou quatre espèces nouvelles par an sont ainsi décrites par des laboratoires français, on estime que dans la période 1962-1983, 86 nouveaux minéraux ont été décrits par des auteurs français (ou avec leur collaboration), dont 23 proviennent de gisements français, parmi les 1146 acceptés par la Commission dans la même période pour le monde entier.

Il est donc indispensable de conserver et d'examiner avec les moyens actuels les variétés et espèces mal étudiées dans le passé, qui peuvent permettre de nouvelles définitions et même la description de nouvelles espèces - cela s'est déjà produit – originaires de mines et affleurements désormais épuisés ou inaccessibles.

 

COLLECTION DE TYPES

Lorsqu'une nouvelle espèce est décrite, on considère comme " échantillon type " celui ou ceux ayant permis d'en préciser les propriétés cristallographiques, physiques et chimiques. Normalement, mais hélas depuis peu de temps, ces échantillons doivent être déposés dans un laboratoire (ou plutôt un musée) afin d'en assurer la conservation et l'accès ultérieur. En effet, si de nouvelles études de spécification doivent être entreprises sur une espèce donnée, elles ne peuvent donner des résultats valides que si elles sont effectuées sur des échantillons ou des fragments d'échantillons types surtout si ces études doivent conduire à discréditer une espèce, parce qu'elle se révèle être un mélange ou correspondre à une espèce préexistante.

On a défini depuis une vingtaine d'années les catégories d'échantillons types à utiliser en minéralogie descriptive ; cette nomenclature est basée sur le degré de parenté avec l’holotype, qui a servi à caractériser l'espèce on distingue ainsi les cotypes, échantillons utilisés pour compléter la description, et les métatypes, échantillons reconnus par l'auteur comme identiques à l'holotype.

On trouve ensuite les " échantillons d'auteur " ; en effet, même actuellement, les auteurs envoient parfois des échantillons sans signaler si c'est bien celui ou un de ceux ayant servi à la description. C'est évidemment une catégorie encore plus fréquente, lorsque l'époque de la description de l'espèce est ancienne ; même si l'on est certain que c'est un échantillon provenant de l'auteur, il est souvent très difficile d'affirmer qu'il a été utilisé pour des études descriptives, sauf si l'auteur ou celui qui a reçu le spécimen l'a précisé sur l'étiquette ou si des reliques évidentes d'expériences entreprises dans le passé (fragments dans tubes répertoriés, lames minces...) accompagnent l'échantillon. Nous avons enfin regroupé sous le terme " dédicataire " les échantillons transmis par la personne à qui a été dédié le minéral. Cette catégorie est d'un intérêt moindre; puisque rien ne prouve, a priori, que l'échantillon correspond bien au matériel étudié par l'auteur.

Depuis 1957, une recherche systématique des échantillons types d'espèces anciennes fut effectuée dans les collections de l'École nous conservons également la majorité des échantillons types des espèces décrites en France depuis la seconde guerre mondiale enfin, sinon surtout, grâce à un patient travail de correspondance et d'échanges, nous obtenons de très nombreux fragments d'échantillons types des nouvelles espèces décrites à l'étranger.

Tous ces échantillons (au total 700 types d'espèces ou de variétés) sont conservés à part et avec des précautions particulières. L'importance scientifique de cette collection nous a amené à en constituer un catalogue détaillé publié en 1983 à l'occasion du bicentenaire de l'École des Mines.

 

COLLECTION PAR LOCALITÉS

Cette collection, numériquement la plus importante, est classée comme celle de systématique. Son but est de réunir le plus grand nombre possible de localités différentes pour une espèce donnée, en partie afin de répondre aux demandes des chercheurs des divers domaines de la science.

Cette collection, comme toutes les collections d'histoire naturelle, ne peut être complète il serait absurde de vouloir réunir toutes les occurrences d'espèces communes comme le quartz, le calcite, la galène... mais nous essayons de réunir le maximum de types de gisement et de paragenèse.

 

COLLECTION DÉPARTEMENTALE

La collection départementale est directement issue de l'arrêté du Comité de Salut public du 12 juillet 1794 établissant l'École des Mines dans l'Hôtel de Mouchy, puisque le Cabinet de minéralogie devait contenir " toutes les productions de la République, rangées suivant l'ordre des localités ", et, d'ailleurs, l'arrêté pris six jours avant (18 messidor An II) considérait qu'une des occupations principales des inspecteurs et des ingénieurs des mines était " de rassembler toutes les substances fossiles comme sels, terres, pierres combustibles, mines et métaux qui existent dans leur arrondissement et d'en envoyer la collection bien étiquetée à l'agence des mines à Paris ".

L'examen des anciens catalogues montre que cette recommandation fut très largement suivie de 1794 à la fin du Ier Empire, plusieurs centaines d'échantillons, de " produits de l'art " et d'objets divers étant reçus certaines années.

Nous signalerons par exemple :

· " échantillons de la mine de cuivre de la Garonne près de Toulon, remis le 17 messidor An VII  " ;

· la même année, l' " oxyde jaune d'urane en cristaux groupés, lamelliformes, quadrangulaires de Marmagne, Dépt. de Saône et Loire... remis par le citoyen Champeaux, ingénieur des mines, qui en a fait la découverte " ;

· du " wolfram de Puy-les-Vignes envoyé au Conseil par le citoyen du Pallaud des Maisons les 23 pluviose et 7 ventose An 9  " ;

· du lépidolite " trouvé en blocs roulés dans les champs sur le plateau granitique de Chanteloube, à 5 lieues au nord de Limoges ", envoyé par M. Alluaud en 1811 ;

· la collection de minerais venant d'Allemagne et donnée par M. Héron de Villefosse, " Inspecteur général des mines et usines des pays conquis "...

La collection " statistique " resta ensuite en sommeil jusque vers 1845 où, sous l'influence de Dufrenoy, les galeries qui lui étaient destinées furent restaurées et meublées ; puis, de 1853 à 1864, de Chancourtois la classa méthodiquement, après en avoir élagué tous les échantillons et objets dépourvus d'intérêt " qui encombraient l'École " ; De Launay la reprit ensuite. Depuis 1957, la collection, où seuls ont été conservés les minéraux, les minerais et quelques roches, occupent 250 tiroirs.

 

COLLECTION DE GEMMES ET DE MÉTÉORITES

Le musée conserve aussi une collection de 700 gemmes (une partie des gemmes taillées provenant des joyaux de la Couronne a été attribuée à l'École des Mines en 1887), de 300 météorites et de minéraux artificiels.

 Comme dans beaucoup de musées, la partie visible de l'ensemble des pièces conservées n'est pas l'unique intérêt du musée de minéralogie de l'École des Mines ; d'autres collections existent, aussi importantes mais qu'il est inutile d'exposer, étant destinées à remplir des fonctions différentes, scientifiques et historiques. Outre la collection d'exposition, le musée abrite les 20 000 échantillons de la collection systématique ; ils sont placés en tiroirs ou en placards, avec des numéros d'inventaire renvoyant à un fichier spécifique de cette collection; les 25 000 échantillons de la collection " localités ", également inventoriés dans un fichier à part ; une collection de 700 types, cotypes et échantillons d'auteur, rangés par ordre alphabétique et enregistrés dans un catalogue qui a été publié; une importante collection par départements français, qui devra être reprise et modernisée ; quelques centaines de météorites, gemmes taillées et minéraux artificiels, dont seule une partie est exposée. Il faut aussi signaler l'existence d'une série de vitrines illustrant, par des échantillons choisis, l'édition au 1/320 000 de la carte des gîtes minéraux de la France. Quelques vitrines présentent également les espèces nouvelles décrites en France depuis 1950. Enfin, des vitrines présentent de façon temporaire des expositions thématiques, minéralogie du Groenland, la barytine en France, cristallisations remarquables...

 

GESTIONS DES COLLECTIONS

Un cloisonnement tel que celui décrit précédemment peut paraître excessif, mais il est évident que toutes ces collections sont interdépendantes tel échantillon retiré des vitrines et remplacé par un autre plus remarquable sera transféré dans la collection systématique, qui renferme les spécimens de qualité légèrement inférieure et nombre d'espèces trop rares ou représentées par des cristaux trop petits pour être exposés. De même, un échantillon de la collection systématique peut être intégré à celle des localités. Dans tous les cas, la fiche correspondant à un spécimen comprend le numéro d'inventaire, le nom du minéral (et de la variété), le lieu où il a été découvert, aussi précis que possible, les analyses (chimiques, optiques, radiocristallographiques, etc.) dont il a été l'objet, ainsi que la date et l'origine de l'acquisition par le musée. On inscrit aussi un chiffre indiquant sa localisation dans le musée et une autre permettant de le retrouver rapidement dans le précieux ouvrage de H. Strunz (Mineralogische Tabellen) qui sert de base à l'organisation des collections principales (exposition, systématique, localités). Les fiches sont ensuite rassemblées dans les classeurs suivant cette même classification, tandis que l'échantillon conserve son étiquette d'origine. Un catalogue manuel regroupe toutes les localités représentées pour les espèces minérales les plus importantes. La numérotation actuelle des collections n'est utilisée que depuis 1957, date à laquelle C. Guillemin a complètement remanié l'ancienne présentation, elle est totalement indépendante des catalogues précédents, qui sont conservés en référence. Notons enfin que le fichier des collections est en cours d’informatisation, les données correspondant à près de 20000 échantillons ayant été saisies au 1er janvier 98, ce qui a permis, d’ores et déjà, de faciliter certains travaux de recherche dans la collection.

Un certain nombre de grandes collections privées ou publiques acquises par le musée au cours des siècles ont été incorporées à la collection générale " qui s'est elle-même scindée depuis 1957. C'est ainsi qu'il n'est pas rare de voir les échantillons anciens affectés de deux, voire de trois numéros différents et de plusieurs étiquettes superposées. Remarquons que certains conservateurs préfèrent laisser aux grandes donations la numérotation du catalogue de leur ancien propriétaire et évitent de disperser les échantillons en ne les assimilant pas à une ou plusieurs collections générales. De telles méthodes sont effectivement préférables, pour qui veut privilégier l'intérêt historique d'une collection et si les buts fixés sont de pure conservation, mais elles sont probablement moins adaptées aux impératifs scientifiques qui justifient aussi l'existence des musées d'histoire naturelle.

On peut considérer que l'ensemble des collections totalise actuellement environ 100 000 échantillons, en sachant que ce nombre tient compte des échantillons en double et de la collection de pétrographie, qui occupe une partie des locaux d'exposition (Salles F et G). Bien qu'il soit difficile d'enrichir un semblable musée en travaillant à volume constant avec augmentation graduelle de la qualité, nous évitons, dans la mesure du possible, d'accumuler comme dans le passé un grand nombre de spécimens identiques ou sans intérêt qui encombrent inutilement l'espace limité dont nous disposons.

 

UNE RENOMMÉ INTERNATIONALE

Bien que les 5 000 spécimens exposés dans les vitrines ne représentent, en nombre, qu'une faible partie de l'ensemble des minéraux du musée de minéralogie de l’École des mines de Paris, ils illustrent le mieux la diversité et la splendeur du monde minéral, dont ils sont la manifestation aux yeux du public. Ce sont eux qui, peut-être pour une trop grande part, déterminent la renommée internationale d'un musée et donc lui donnent son importance dans le monde. Des diverses collections énumérées plus haut, et qui forment l'essentiel du musée de l'École des Mines, c'est aussi celle qui a actuellement le rythme d'accroissement le plus lent. L'augmentation de la valeur des minéraux exceptionnels (principalement due à la surenchère américaine), la parcimonie des crédits alloués par l'État, la concurrence de plus en plus dure avec les autres musées et les grands collectionneurs privés, les difficultés croissantes rencontrées à l'étranger, et même en France, lors des missions de récolte sur le terrain, tout cela a eu pour conséquence une certaine stagnation de la plupart des grands musées européens.

Malgré tous ces obstacles, les collections de l'École restent toujours placées au tout premier rang parmi les grandes collections mondiales.et on peut considérer qu'elles se placent actuellement parmi les dix premières du monde qui sont, outre celles-ci, par ordre alphabétique

 

· American Museum of Natural History, New-York, U.S.A.

· British Museum of Natural History, Londres, Grande-Bretagne

· Harvard University Museum, Cambridge, U.S.A.

· Institut de Minéralogie, École des Mines de Freiberg, Allemagne

· Musée Fersman de l'Académie des Sciences, Moscou, U.R.S.S.

· Musée d'Histoire Naturelle, Prague, Tchécoslovaquie

· Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris

· Muséum d'Histoire Naturelle, Vienne, Autriche

· Smithsonian Institution, Washington, U.S.A.

 

ECHANTILLONS REMARQUABLES

Il existe dans le musée plusieurs centaines de spécimens très remarquables, mais pour des raisons évidentes de place, nous ne présentons dans le cadre de ce catalogue qu'une cinquantaine d'entre eux, choisis parmi les plus exceptionnels. Les critères qui ont déterminé notre choix sont ceux utilisés par C. Guillemin (1964 et 1972) puis par P. Bancroft (1973), à savoir rareté, beauté et intérêt du faciès cristallin, de la couleur, de la gangue, des associations, dimensions, intérêt historique ou national... et aussi affectivité du sélectionneur ! Tous les collectionneurs ont leurs espèces favorites, et les raisons de leur classement sont parfois indépendantes des qualités réelles du minéral ainsi, beaucoup de minéralogistes estiment que l'or est le plus beau des minéraux il est évident que les critères objectifs que nous venons d'énumérer s'effacent dans ce cas en grande partie au profit de l'imagination et qu'un tel jugement s explique moins par les attraits du minéral lui-même que par l'aventure humaine qui s'y rattache,.. A la suite de C. Guillemin (1964), on peut utiliser la classification suivante:

 

*** = exceptionnel,

** = excellent ,

* = très bon .

 

Compte tenu du nombre restreint d'échantillons décrits ici après une sélection rigoureuse, nous avons décerné trois étoiles lorsque l'échantillon (ou l'ensemble d'échantillons) est le meilleur connu, et deux étoiles lorsque des spécimens équivalents sont visibles dans d'autres musées et collections privées. Il faut cependant savoir que cette sélection doit être constamment remise à jour en fonction des nouvelles acquisitions du musée, et plus généralement en fonction de la découverte de nouveaux gisements dans le monde et en effet, alors que dans un musée d'art un tableau fameux le restera toujours, il n'en est pas de même pour un spécimen minéralogique, exceptionnel en son temps, qu'il n'est pas rare devoir relégué à un rang plus modeste, à la suite de l'arrivée sur le marché de cristaux plus beaux, plus grands, ou les deux à la fois. C'est ainsi que l'espoir de placements financiers en minéralogie s’avère extrêmement illusoire, même avec une expérience et des connaissances approfondies du marché constamment bouleversé des minéraux. Les minéraux gemmes, utilisables en joaillerie, sont moins sensibles à de telles variations, puisqu'ils sont soumis automatiquement aux règles de la spéculation.

Les pièces les plus spectaculaires ont été placées dans la petite salle d'entrée (salle A), la salle Haüy (salle B) et la salle Fischesser (salle J) mais beaucoup d'échantillons exceptionnels sont dispersés dans la grande galerie d'exposition. Quatre vitrines murales didactiques, dont une consacrée aux minéraux fluorescents ont été disposées dans la salle Haüy. Dans la salle L des vitrines éclairées par fibres optiques mettent en valeur les gemmes brutes et taillées, l'une d'elle présente une série de quartz et d'opales résumant les innombrables possibilités de teintes que peut présenter la silice, ainsi que quelques objets travaillés dans diverses substances minérales, dont une médaille en argentite de Freiberg (moulée vers 1557 d'après une médaille religieuse de Nikel Milicz, représentant la Tentation du Christ et Daniel dans la fosse aux lions) et une scène de chasse finement gravée dans du graphite massif. Ce dernier objet fait partie de l'ensemble de collections-trophées de graphite et de néphrite de Sibérie, que l'explorateur J.-P. Alibert avait offert à quelques grands établissements scientifiques de Paris, dont l'École des Mines en 1862. C'est aussi de ce don que provient l'énorme galet de néphrite visible dans l'escalier d'honneur.

Certaines vitrines sont consacrées à des expositions thématiques temporaires, Jean-Baptiste Biot, René-Just Haüy, minéraux du Groenland, minéraux de Grèce, barytines de France, cristallisations " fantaisies de la nature ".

Dans la grande salle du musée sont également organisées des expositions de grande envergure parmi lesquelles notons celle consacrée à René-Just Haüy, premier conservateur du Musée lors du 250ème anniversaire de sa naissance ainsi qu’une importante exposition consacrée aux météorites qui a mis en valeur l’exceptionnelle richesse de la collection privée d’Alain Carion.

 

spécimens exceptionnels

Suivant la classification adoptée par Claude Guillemin dans son ouvrage intitulé " En visitant les grandes collections minéralogiques mondiales " (C. Guillemin, 1972), les échantillons se voient attribuer des mentions telles que:

 

*** = exceptionnel

** = excellent

* = très bon

 

ANALCIME ** NaAlSi2O6 H2O

L'analcime est un minéral assez fréquent, mais se présente rarement en très gros cristaux, Pour la transparence et la perfection, il faut citer le célèbre gisement des îles Cyclopes au pied de l'Etna, mais les analcimes y dépassent rarement 2 centimètres de diamètre. Les cristaux de grande dimension, toujours opaques et blanchâtres, ont été rencontrés au val di Fassa, dans les Alpes italiennes, et surtout au Mont-Saint-Hilaire, le fameux gisement du Québec. C'est à cet endroit que le très grand cristal isométrique complet visible dans la salle des silicates a été trouvé. Son diamètre atteint 20 cm il fut acheté en 1973 et porte dans la collection le N° 16169. Plus remarquable encore, est la merveilleuse association avec sérandite (N° 16389), obtenue par échange en 1976.

 

ANGLÉSITE *** PbSO4

Les conditions de dépôt de ce minéral sont semblables à celles de la cérusite. Il est cependant beaucoup moins fréquent, en raison de ses conditions de stabilité, liées à l'acidité du milieu. Généralement, les cristaux sont incolores, gris ou blancs mais on observe parfois des cristaux jaunes, et même bleus ou verts. Les localités célèbres en sont Sidi-Amor-Ben-Salem (Tunisie), Tsumeb (Namibie), et plus récemment Touissit (Maroc). Le Musée conserve un ensemble inégalable d'anglésites d'Afrique du Nord dont une splendide sélection de cristaux de Sidi-Amor-Ben-Salem, avec un individu isolé de 15 cm (N° 5760), un groupe (15 x 15 cm) de cristaux biterminés parfaits de 10cm (N° 5761), et une très belle association de cristaux imbriqués transparents (N° 15934) tous ont été récoltés au cours de l'exploitation des niveaux supérieurs de la mine, entre 1920 et 1930, puis acquis par P. Sainfeld, alors géologue en Tunisie, qui les a offerts au musée en 1961. La collection a, en outre, acquis en 1983 et 1984 de très grands cristaux issus d'une géode monumentale de Touissit deux cristaux prismatiques (15 et 22 cm) encastrés, disposés sur une gerbe d'anglésites plus petites, mais absolument transparentes et parfaites (N° 16 664) et un énorme cristal isolé de 36 cm (n° 16665).

 

APOPHYLLITE ** KCa4 (F(Si4O10)2) 8H2O

Les cristaux, cuboïdaux ou bipyramidés, verdâtres ou incolores, ont été trouvés en abondance dans les amygdales des grands épanchements basaltiques de la région de Poonah (Inde). C'est cependant du sud du Brésil (Rio-Grande-do-Sul) que proviennent les plus gros cristaux connus : nous exposons un fragment de géode de 30 x 40 cm parsemé de gros cristaux verts (10 cm) associés à la stilbite (N° 11080), qui fut échangé pour le Musée en 1963 par le S.C.E.M., et surtout un imposant agrégat de cristaux cuboïdaux de 15 cm d'arête, récolté par J. Goni du BR.G.M. en 1963 (no 10899).

 

AUTUNITE ** Ca (UO2)2 (P04)2 10-12 H2O

L'autunite, produit d'altération le plus fréquent de la pechblende, fut découverte vers 1760 dans la région d'Autun et identifiée comme " urane oxydée " par De Champeaux et Haüy. Le nom autunite ne fut donné qu'en 1852 par Brooke et Miller. Les beaux cristaux tabulaires ont été trouvés dans quelques localités, dont les plus remarquables sont Margnac (Limousin), Les Oudots et l'Huis-Jacques (Saône-et-Loire) et Spokane (État de Washington, USA). Trois splendides spécimens couverts de cristaux groupés en éventail sont exposés (n° 16269, 16270, 16271). Ils proviennent de la carrière de l'Huis-Jacques, qui fut exploitée par le Commissariat à l'Énergie Atomique (C.E.A.) durant l'année 1973.

 

BRAZILIANITE *** NaAl3 ((OH)2 PO4)2

C'est en 1942 qu'à Corrego Frio (district de Linopolis, Minas Gerais, Brésil) un fermier découvrit quelques kilogrammes d'un minéral verdâtre qui fut d'abord pris pour du béryl ou du chrysobéryl. Le gisement fut donc exploité, mais les lapidaires s'aperçurent rapidement que le minéral en question était relativement tendre et en conséquence peu commercialisable. Ce n'est qu'en 1945 que deux Américains l'identifièrent comme un nouveau phosphate, la brazilianite, en l'honneur de son pays d'origine. La petite mine de Corrego Frio fut ouverte la même année par le marchand américain E. Swoboda, qui l'exploita durant deux ans. c'est au cours de ces recherches que furent extraits les plus beaux cristaux de brazilianite du monde, certains individus pesant jusqu'à 2 kilos, de couleur vert olive à vert chartreuse et souvent gemmes. Corrego Frio est donc la localité type de la brazilianite, comme elle est aussi celle de la scorzalite et de la souzalite, autres phosphates de pegmatites associés. D'antres gisements furent ensuite découverts entre Linopolis et Mendes Pimentel. Le musée de l'École possède deux superbes échantillons de brazilianite le plus exceptionnel est un cristal isolé de belle couleur partiellement transparent de 16 x 16 x 5 cm (N° 8814), l'autre (N° 6124) est un cristal biterminé de 10 x 7 cm sur gangue tous deux ont été acquis en 1962.

 

BOLÉITE *** Pb26Ag9Cu24Cl62 (OH)48

La boléite a été découverte à Boléo, près de Santa-Rosalia (Mexique), par un ancien ingénieur de l'École des Mines, Edouard Cumenge (1828-1902), en même temps qu'un minéral de composition voisine, la cumengéite. Ces deux minéraux firent l'objet d'une publication aux " Comptes Rendus de l'Académie des Sciences " en 1891, collaboration avec le grand cristallographe Ernest Mallard. Le cristal N° 778, qui fut donné au musée par Cumenge, est le plus grand connu c'est un cube de belle couleur bleue, d'environ 2 cm d'arête, qui pèse 20 grammes.

 

CINABRE ** HgS

Le cinabre est le plus important minerai de mercure et peut former d'énormes gisements comme à Almaden (Espagne), où il imprègne des bancs de quartzite siluriens. Les cristaux, assez rares, sont d'un magnifique rouge sombre, mais perdent malheureusement leur éclat à la lumière du jour par apparition en surface de mercure métallique. Les meilleurs spécimens ont été rencontrés à Almaden, à Minas de Tarna (également en Espagne), et surtout aux mines Tzah-Tien, dans la province de Hunan (Chine méridionale). C'est de cette localité que provient le splendide échantillon que nous exposons (N° 8004), couvert de rhomboèdres maclés dépassant 2 cm. Il est caractéristique des cinabres extraits durant le XIXème siècle dans le Hunan. Le musée de l'École l'a acquis par échange en 1962.

 

CUBANITE *** CuFe2S3

Le musée possède deux superbes échantillons de cubanite provenant de deux gisements canadiens distants de plusieurs milliers de kilomètres. C'est au cours d’une mission des minéralogistes du B.R.G.M. en 1979 à la mine de Strathcona, près de Sudbury (Ontario), que fut récoltée une macle absolument parfaite, brillante, associant deux monocristaux de 4 cm (N° 14352). Presque au même moment, d’autres remarquables cristaux furent découverts à la mine de cuivre-argent-or Henderson II exploitée depuis 1962 dans le district minier de Campbell Chibougamau (Québec). L'échantillon exposé, qui porte le n° 16580, présente plusieurs cristaux de 2 cm brillants, disposés sur une gangue de calcite cristallisée. Les macles, semblables à celles du chrysobéryl, sont ici complètes et forment des étoiles à six branches.

 

CUPRITE ** Cu2O

Avant la grande découverte de 1973 à Onganja (Namibie), les plus gros cristaux de cuprite étaient originaires de Chessy (Rhône), mine bien connue des amateurs de minéraux. Le cristal isolé N° 15969, partiellement transformé en malachite, que l'on peut admirer dans la vitrine des minéraux français, resta longtemps le plus gros cristal de cuprite connu (4 cm d'arête) et demeure de toute façon le plus gros cristal connu pour le gisement. Siégeant parmi les pièces majeures de la collection du colonel Vésignié (qui fut léguée dans sa totalité aux grands musées minéralogiques parisiens au début des années 50), il est encore présenté dans son écrin d'origine. Trouvé vers 1910, le colonel Vésignié l'avait acheté en mai 1917 pour 500 francs (25 louis).

 

DANBURITE ** Ca (B2Si2O8)

Un cristal prismatique translucide de 30 cm et une tête de cristal de 10 x 10 cm (N° 16568) ces deux échantillons remarquables provenant d'Anjanabonoina (Madagascar) ont été acquis en 1982. Ils diffèrent notablement, par leur teinte ambrée et leur forme, des cristaux classiques de Sibérie orientale ou de Charcas (Mexique).

 

DÉMANTOIDE ** Ca3Fe2 (SiO4)3

" La couleur de l'émeraude avec les feux du diamant " le démantoïde, variété gemme du grenat andradite, doit justement son nom à ses feux, comparables à ceux du diamant, liés à un indice de réfraction élevé qui accentue la luminosité de son vert intense. La gamme des couleurs que présente le démantoïde est assez étendue elle va du vert émeraude, teinte la plus prisée, au vert jaune en passant par le vert herbe et le vert olive, l'intensité de la coloration étant tributaire de la quantité d'ions chrome remplaçant isomorphiquement le fer dans le réseau. Il est indiscutable qu'à teinte identique le démantoïde a un éclat et une dureté qui manquent à l'émeraude. Mais hélas, les beaux cristaux de belle teinte sont très rares, comme le sont les gisements de démantoïde dans le monde, les plus célèbres étant ceux de la rivière Bobrovka dans l'Oural, alluvionnaires et donc de moindre intérêt pour les minéralogistes, et surtout ceux du Val Malenco dans les Alpes lombardes. En cet endroit, plus précisément dans la petite excavation de Sferlun, très difficile d'accès, ont été extraits les plus fabuleux démantoïdes jamais trouvés. On les rencontre dans les fissures à remplissage d'amiante, apparues en régime hydrothermal au sein de massifs de serpentines. Les cristaux isolés, limpides et de belle couleur, de poids supérieur à 2 carats, sont extrêmement rares. L'exemplaire que nous avons sélectionné est couvert de cristaux parfaits brillants et transparents de belle teinte vert herbe. Il est représentatif des cristaux produits par la mine d'amiante de Sferlun ces dernières décades, et fut obtenu par échange en 1970 (N° 15736).

 

DESCLOIZITE ** Pb (Zn, Cu) OH (VO4)

La descloïzite est un minéral assez répandu dans certaines zones d'oxydation de gîtes métallifères, et elle a même été utilisée comme minerai à Abenaah (Namibie). L'échantillon N° 16453 provient de cette localité : masse de 25 x 25 cm hérissée de gros cristaux brunâtres un peu éculés. Il a été obtenu par échange avec le Musée de la Faculté des Sciences Pierre et Marie Curie en 1979.

 

DIASPORE ** AlOOH

C'est du nouveau gisement de Milas Mugla (Turquie) qu'ont été extraits les plus beaux spécimens de ce minéral qui se présente ordinairement sous forme de masses clivables peu attrayantes : cristaux bien individualisés, souvent transparents, dépassant fréquemment 10 cm. Des fragments parfaitement gemmes de diaspore ont même été taillés, afin de satisfaire les amateurs de gemmes inhabituelles. Le spécimen que nous avons choisi acquis en 1983 est un monocristal parfait translucide de 17 cm de longueur il porte dans la collection le N° 16643.

 

DIOPTASE * Cu6 (Si6O18) 6H2O

La dioptase est l'une des merveilles du règne minéral. Tous les collectionneurs ont un jour rêvé d'en posséder. D'un magnifique vert émeraude, si difficile à restituer en photographie, les plus remarquables géodes sont des œuvres d'art d'une surprenante beauté. D'abord originaires de Khirgizie, c'est au bassin du Niari, à l'ouest de Brazzaville, qu'ont été mises à jour dès le XIXème siècle de nombreuses cristallisations de grand intérêt. Extrait jusque-là de manière artisanale par les populations locales, le cuivre (suivi du plomb et du zinc) fut l'objet de recherches puis d'exploitations importantes dès 1905 par la Compagnie minière du Congo français, qui se poursuivirent jusqu'en 1961. A Mindouli, Tchicoumba, Pimbi et surtout Renéville (au nord-est du bassin) furent découvertes les plus fameuses géodes. Associées à des argiles rouges et noires, les dioptases apparaissent aussi dans les grès et composent alors d'admirables associations avec un autre silicate de cuivre d'un bleu profond, la planchéite. Plus récemment, le célèbre gisement de Tsumeb a produit des spécimens rivalisant d'élégance avec les précédents, tandis que de grands cristaux étaient. extraits à Mavoïo (Angola). Le musée de l'École des Mines possède un très bel ensemble de dioptases de l'ex-Congo français, avec de nombreux fragments de géodes montrant des cristaux atteignant 2 à 3 cm.

 

DOLOMITE ** (CO3)2 Mg Ca

Les plus belles dolomites du monde, par leur transparence et leur parfaite cristallisation, sont originaires de l'exploitation à ciel ouvert d'Eugui, non loin de Pampelune (Navarre espagnole). Elles ornaient de grandes cavités et fissures apparues dans de la magnésie massive. Les cristaux rhomboédriques qui en ont été extraits, impeccables et brillants, finement striés, sont actuellement visibles dans la plupart des grandes collections mondiales. Le Musée possède l'une des plus fantastiques séries, avec des blocs de magnésie de 50 cm couverts de cristaux de 5 cm d'arête et des rhomboèdres interpénétrés de 15 à 20 cm d'arête : au total, une demi-douzaine d'échantillons de classe exceptionnelle, parmi lesquels il est bien difficile de distinguer le spécimen majeur.

 

DUFRÉNOYSITE ** Pb8As8S20

La dufrénoysite n'a guère été observée en cristaux qu'à la célèbre carrière de Lengenbach, dans le Binnenthal (Suisse). Elle y est associée à d'autres sulfo-arséniures de plomb dans une splendide dolomie blanche saccharoïde à minces lits de pyrite. Nous n'avons décerné que deux étoiles à l'échantillon 'i 522 du fait de l'existence d'une dufrénoysite comparable au British Museum et d'une autre au Musée minéralogique de Strasbourg, mais il n'en demeure pas moins exceptionnel cristal de, 3 cm parfait, sur gangue. Il fut acheté à Emile Bertrand en 1875.

 

ERYTHRITE *** Co3 (AsO4)2 8H2O

Les cristaux d'érythrite, fréquemment groupés en gerbes et en rosettes d'une magnifique couleur pourpre (virant au rose fleur de pêcher lorsque le minéral se présente en enduits), figurent parmi les spécimens les plus recherchés des collectionneurs, Produit d'altération supergène des minéraux arséniés et sulfoarséniés à cobalt, les localités les plus fameuses en sont Schneeberg (Saxe) et surtout Bou-Azzer (dans le sud du Maroc). C'est de cette dernière mine que provient la formidable série visible dans la salle Vil du musée deux fragments géodiques de 10 à15 cm présentent de nombreux cristaux atteignant 2 cm (N° 3164 et 3165) et un autre (n 6188) supporte un cristal allongé polysynthétique de 10 cm couché sur sa gangue. Tous trois ont été récoltés par M. Bertheau en 1959 an cours d'une mémorable mission organisée par le S.C.E.M.

 

FRANCEVILLITE *** Ba (UO2)2 (VO4)2 5H2O

La francevillite fut décrite par des minéralogistes français en 1957. Les beaux cristaux ont été observés dans le gisement de Mounana (Gabon), mêlés à d'autres vanadates (chervétite, mounanaïte, curiénite, vanuralite).

La couleur est vert olive pour les termes riches en baryum, passant à l'orange lorsque la teneur en plomb augmente. Le plus remarquable spécimen connu porte le N° 11026 dans la collection, et fut donné en 1963 par M. Andriot : il s'agit d'un superbe agrégat de cristaux orangés à contours losangiques.

 

GERSDORFFITE *** NiAsS

Les beaux cristaux de ce minéral généralement informe ont été trouvés à Aït Ahmane, non loin de Bou Azzer (Maroc). Le spécimen N° 16004 est le meilleur connu c'est une masse de 30 x 15 cm, avec plusieurs cristaux octaédriques de 4 cm d'arête partiellement dégagés de leur gangue. Il fut récolté au cours d'une mission du S.C.E.M. en 1965.

 

GRANDIDIERITE *** (Mg, Fe) Al3O BO4 SiO4

Le Musée de l'École des Mines conserve les meilleurs spécimens connus de ce minéral rarissime. Il fut. signalé pour la première fois par Lacroix (1922) dans les falaises du cap Andrahomana, à l'ouest de Fort-Dauphin. Depuis, la grandidiérite a été signalée en d'autres endroits, notamment dans la vallée du Haut-Mandrare par F. Pineguy en 1956. Voici ce qu'en dit H. de la Roche (1958): " Notre attention était attirée par la couleur bleutée des blocs dans un espace de quelques dizaines de mètres carrés. Un minéral d'un bleu profond, tantôt en grains, tantôt en cristaux allongés, voire même en gerbes de 1 à 5 cm de longueur, y est associé à du spinelle en un point d'une concentration particulière de phlogopite d'une roche essentiellement composée d'apatite. " Le plus bel exemplaire exposé, acquis en 1969, est un cristal allongé de 10 cm, parfait, dont une extrémité se détache harmonieusement de la gangue (N° 16093) mais il faut aussi remarquer un impressionnant amas de cristaux sur leur matrice (N° 16443) acquis en 1978.

 

HAUERITE ** MnS2

Ce minéral tout à fait accidentel est toujours associé aux dépôts de gypse et de soufre dans les formations salifères de Sicile, du Texas ou de Nouvelle Zélande. L'échantillon que nous présentons est un octaèdre parfait de 5,5 cm d'arête ; il porte dans la collection le N° 603. Trouvé en 1892, dans la mine Destricella près de Raddusa (Sicile), il fut offert à l'École des Mines en 1900 par M. Baraffael, ingénieur des Mines italien.

 

HIBONITE *** CaO 6A12O3

L'hibonite est l’une des quelques rares espèces décrites après la seconde guerre mondiale se présentant en cristaux de plusieurs centimètres. Les premiers échantillons furent ramassés par P. Hibon près d'Esiva (Madagascar) : tablettes hexagonales épaisses et barillets de teinte noire, prises à l'origine pour des corindons. Le minéralogiste J. Béhier entreprit une série d’analyses sur place et fut le premier à soupçonner l'existence d’une nouvelle espèce, qu’il nomma provisoirement hibonite en l’honneur de son découvreur. Ce nom fut conservé par C. Guillemin qui réalisa l’étude complète en 1956 en collaboration avec H. Curien, J. Orcel et M. Sternberg. Cette étude a, en outre confirmé l’existence dans la nature de la modification structurale ß du corindon. Les très gros cristaux dont la grosse table hexagonale de 8 cm exposée au musée de l’École (N° 5742), ont surtout été observés inclus dans des plagioclasites dans le " gisement Guillemin " ainsi baptisé par J. Béhier - situé à Besakoa, près de Maromby, entre Andranondambo et Esiva.

 

KAMMERERITE ** (Mg, Cr)3 (OH)2 AlSi3O10Mg3(OH)6

Ce minéral, qui n’est autre qu’une variété chromifère de clinochlore, apparaît très rarement en cristaux centimétriques. Des cristaux brillants de couleur très attrayante, voisine de celle de l'érythrite, ont été récemment découverts à la mine Kop-Krom, en Anatolie orientale (Turquie). L'échantillon que nous avons choisi provient cependant de l'ancien gisement d'Hardadinsk (Oural) ; c'est un cristal pyramidé (N° 4299), surtout exceptionnel par sa taille, qui est voisine de 3 cm. A notre connaissance, les kammererites de Kop-Krom n'ont jamais atteint de telles dimensions. Ce spécimen fut offert au musée de l'École au XIX siècle par Alibert, le découvreur du graphite de Sibérie.

 

LORANDITE ** TlAsS2

Ce minéral, qui est une très grande rareté, se rencontre en association avec l'orpiment et le réalgar sous forme de petits cristaux trapus de couleur rouge intense. La série N° 14309 exposée en vitrine est donc particulièrement exceptionnelle, puisqu’elle se compose de deux spécimens sur gangue avec plusieurs cristaux atteignant 1 cm, et d'un cristal isolé de 1,7 cm. Tous furent récoltés en une journée dans le gisement d'Allchar (Macédoine), lors d'une mission du S.C.E.M. en 1965.

 

MANGANITE ** MnOOH

Les très beaux cristaux de cette espèce minérale figurent en bonne place dans la plupart des grandes collections mondiales : tous ont été trouvés Ilfeld, dans le Harz, au cours du 19ème Siècle. Parmi les spécimens exposés au musée, il faut signaler le N° 1430, qui provient de l'ancienne collection d'Emile Bertrand, remarquable groupe de 10 x 15 cm de prismes brillants fortement striés et groupés en rosettes, et aussi le spécimen N° 6294, masse de 30 x 20 cm avec un cristal couché de 17 cm, partiellement enchâssé dans sa gangue.

 

NADORITE ** PbSbO2Cl

Le musée possède une exceptionnelle série de cette très rare espèce minérale. Le spécimen N° 8806 est de très loin le meilleur exemplaire connu de nadorite : cristaux tabulaires bruns de 3 cm formant un groupe de 8 cm sur gangue. Il provient de Hammam N'Bails, Djebel Nador (Algérie), d'où ont été extraits les seuls spécimens remarquables de ce minéral il fut offert au musée en 1962 par P Sainfeld, alors en poste au S.C.E.M. il avait été récolté quelques années plus tôt par les minerais.

 

OPALE ROSE ** SiO2

Cette très rare variété d'opale de belle couleur rose carmin a été observée dans les calcaires siliceux oligocènes situés non loin de Quincy-sur-Cher. Elle est associée a une variété de magnésite de même teinte, qui fut nommée quincyte par Berthier en 1825. Cette couleur particulière, qui disparaît à faible chaleur, est due à la fixation d'une substance constituée de plusieurs pigments organiques. Les roches contenant cette opale furent exploitées à l'époque médiévale connue matériau de construction, à tel point qu'il est possible, avec un peu de chance, de rencontrer ce minéral dans les murs des villages avoisinants. Le très bel échantillon que nous avons sélectionné (N° 6250) a ainsi été récolté en 1961 dans la cour intérieure d'une ancienne ferme la partie du bloc usée par les intempéries et les chocs est nettement visible.

 

PHARMACOLITE ** CaH (AsO4) 2H20

Ce minéral est assez abondant à Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace), où il forme de efflorescences blanches dans les galeries de mines. L'échantillon N° 5832 est couvert d'aiguilles centimétriques de pharmacolite associée à l'arsenic natif. Il fut trouvé par P Sainfeld en 1958 dans la mine Gabe Gottes (Sainte-Marie-aux-Mines).

 

PHOSGÉNITE ** Pb2Cl2CO3

Minéral supergène des gisements plombifères, le phosgénite cristallise en prismes quadratiques translucides aux faces parfois éclatantes ; les couleurs sont celles de la cérusite en plus brunâtre. Les plus beaux cristaux, qui peuvent peser plusieurs kilogrammes, proviennent de Sidi-Amor Ben-Salem (Tunisie), de Touissit (Maroc) et surtout de Monteponi, près d'Iglesias (Sardaigne) : dans ce dernier gisement, la présence de chlore déterminant l'apparition de phosgénite est la conséquence directe de la proximité de la mer. C'est également ce qui s'est produit dans les mines ancestrales du Laurium, déjà exploitées au temps des anciens Grecs, où les déblais et scories du gisement plomboargentifère, rejetés dans la Méditerranée dès cette époque, ont été lentement attaqués par l'eau de mer, provoquant la genèse de divers sels de plomb riches en chlore, dont la phosgénite. Le musée de l'Ecole possède une remarquable série de phosgénites de Monteponi, avec notamment un grand cristal de 17 x 9 x 9 cm (N° 6144) et une merveilleuse association de cristaux biterminés (N° 14323). Ces deux échantillons ont été obtenus par échange en 1965.

 

POWELLITE ** CaMoO4

Les très rares cristaux de ce minéral ont été rencontrés surtout dans la région de Nasik (Inde), associés aux zéolites qui abondent dans les cavités des roches basaltiques de cette région.

Des cristaux beaucoup plus petits ont été signalés en zone d'oxydation dans la province d'Antofagasta (Chili). L'échantillon que nous avons sélectionné est un octaèdre quadratique de 3 cm, brillant, de couleur jaune crème, posé sur un amas de stilbite rose. Il porte le N° 16606 et fut acquis en 1981.

 

PROUSTITE ** Ag3AsS3

" L'une des couleurs les plus éclatantes du monde minéral est le vermillon écarlate de la proustite. " Cette déclaration, extraite du livre de P. Bancroft, résume clairement la qualité principale de la plus belle espèce du groupe des " argents rouges ". Malheureusement, cette couleur fascinante est sensible à la lumière du jour (tout comme celle du cinabre), et les conservateurs et collectionneurs privés se gardent en général d'en exposer sans précautions spéciales. Le Musée possède une remarquable série de proustites de Sainte-Marie-aux-Mines, de Freiberg et surtout de Chanarcillo (Chili), d'où provient le grand spécimen N° 5234, groupe de 18 x 10 x 10 cm uniquement constitué de proustite, avec des cristaux parfaits de 2 cm.

 

PYROMORPHITE ** Pb5 (PO4)3 Cl

La pyromorphite est l'une des trois ou quatre espèces relativement communes dont les meilleures pièces ont été trouvées en France. Les cristaux les plus appréciés, d'un lumineux vert pomme, ont tout d'abord été rencontrés à Vézis (Aveyron), d'où provient l'échantillon N° 10186 de notre sélection, qui fut acquis en 1962 par le S.C.E.M. Plus récemment, de beaux groupes originaires de la mine de fluorite de Chaillac (Indre) et surtout de la mine de plomb des Farges (Corrèze), sont apparus sur le marché.

 

QUARTZ AMÉTHYSTE ** SiO2

L'améthyste est la variété violette du quartz, utilisée en joaillerie depuis l'Antiquité. Les cristaux pyramidaux qui tapissent parfois les géodes des filons quartzeux sont le faciès le plus fréquent ; beaucoup plus rares, sont les améthystes en cristaux prismatiques allongés, comme celles de Vera-Cruz (Mexique). C'est cependant du Piémont (mine de Traverselle) que provient le spectaculaire assemblage de quatre cristaux (dont un de 13 cm de long), N° 15603. Il est issu d'une grande géode ouverte en cet endroit au début des années 60, qui fut entièrement rachetée (en 150 fragments) par un collectionneur de Vérone. Le principal fragment fut vendu à un antiquaire de Turin. Plus aucune autre semblable découverte ne se fit par la, suite. L'échantillon exposé au musée de l'École fut acquis par échange en 1967.

 

RHODIZITE *** (Cs, K, Rb) Al4Be4B11O26 (OH)2

Ce magnifique groupe de cristaux brillants, avec un individu de plus de 6 cm, fut découvert à Antsongombato, Madagascar, au cours des années 1964-1965 par M. de Saint-Ours, ingénieur géologue, et offert en 1972 au musée par Madame de Saint-Ours, sa veuve. C'est actuellement, de très loin, le meilleur exemplaire connu de ce très rare borate de béryllium. Il porte dans la collection le N° 16216.

 

SMITHSONITE ** Zn CO3

Jusqu'en 1960, les minéralogistes considéraient que la smithsonite, minéral relativement répandu, ne se présentait qu'exceptionnellement en cristaux, qui ne dépassaient jamais le centimètre. Quelques années plus tôt, en 1955, le conservateur du Musée d'Harvard, C. Frondel, avait reçu d'extraordinaires cristaux provenant de la mine de Broken Hill (Rhodésie). Ces spécimens furent montrés à C. Guillemin, qui avait justement projeté, en 1958, une importante mission de récolte en Afrique, notamment dans les gisements plombifères de M'Fouati et Boko Songho, célèbres pour leurs énormes wulfénites, cérusites, etc. C. Guillemin profita de ce voyage pour visiter la mine de Broken HilI, où il eut la chance d'extraire lui-même de superbes cristaux de smithsonite (les meilleurs du monde à l'époque), qui demeurent remarquables encore aujourd'hui malgré les découvertes de Tsumeb, qui eurent lieu quelques années plus tard. C'est de cette trouvaille qu'est issu le spécimen N° 6267, bloc de 25 x 15 cm couvert de cristaux de 3 cm. Ce voyage fut particulièrement fructueux, puisque c'est à cette occasion que C. Guillemin lança une série d'expéditions dans le bassin du Niari, qui ont permis à ce qui allait devenir le S.C.E.M. de récolter par la suite un important stock de dioptases.

 

SOUFRE ** S

A l'état natif, cet élément forme parfois des groupements spectaculaires de cristaux pyramidaux ou tabulaires jaune vif, qui malheureusement se fendillent à faible chaleur, et posent quelques problèmes de conservation. Des pièces de grande beauté ont été extraites des mines du centre et du sud de la Sicile (région de Caltanisetta et d'Agrigente), lorsque le mode d'exploitation le permettait : certains procédés par fusion ont irrémédiablement anéanti nombre de splendides druses. L'Italie est incontestablement le pays du soufre, puisque des cristaux géants de ce minéral ont été trouvés en Romagne, tandis que des encroûtements cristallisés du plus bel effet sont l'un des attraits minéralogiques de Vulcano, île Eolienne située au nord de la Sicile. Le cristal N° 11124 a été choisi, avec l'accord de nombreux experts, non point pour sa taille, assez réduite (7 x 4 cm), mais pour sa limpidité et sa perfection tout à fait inhabituelles et pour la disposition plaisante du cristal sur sa gangue. Il est originaire de Cafabri, Marches (Italie), et fut acquis par échange en 1963.

 

STAUROLITE *** AlFe2O3 (OH) 4Al2O (SiO4)

Les macles en croisette de Bretagne ou de Saint-André ont rendu célèbre ce minéral brunâtre des roches métamorphiques. Comme les grenats, la staurolite résiste mieux que sa gangue à l'altération et s'observe fréquemment en cristaux libres dans la terre : c'est, notamment, le cas dans divers gisements du sud de la Bretagne, où de fructueuses recherches peuvent être réalisées dans les zones labourées après une pluie. Le Musée expose une grande croix de Bretagne (10 x 6 x 6 cm) parfaite, qui fut achetée en 1967 à Kersest-en-Coray, non loin de Scaër (N° 15643). Des spécimens de taille supérieure existent, mais il s'agit alors de monocristaux et non de macles. D'autres occurrences de staurolite méritent d'être signalées citons les jolies croix de Saint-André du district de Capillita, Minas Gerais (Brésil), et les belles épitaxies avec disthène du Pizzo Forno (Suisse italienne).

 

THORIANITE *** ThO2

Ce cristal est actuellement le plus grand spécimen parfait connu. Acquis par échange en 1962, il avait été trouvé quelques mois plus tôt à Evisa (Fort Dauphin), Madagascar. Il pèse 2,2 kilos et porte le N° 6222.

 

TORBERNITE ** Cu (UO2)2 (PO4)2 12H2O

Le gîte minuscule de Margabal (Aveyron) a produit jusque dans une période très récente des cristaux de torbernite dont on peut assurer qu'ils sont parmi les meilleurs du monde.

Ils se présentent en tablettes épaisses d'un beau vert clair sur un support de quartz teinté en noir par l'irradiation naturelle c'est l'aspect le plus classique des échantillons de ce gisement. L'opacité des cristaux et la couleur claire sont dus à la transformation du minéral en métatorbernite. Le Musée possède trois spécimens d'excellente qualité, deux plaques de 10 x 10 cm (N° 9426 et N° 15657) acquises pendant les années 60 et couvertes de tablettes centimétriques déposées sur un lit de quartz noir, et un échantillon plus petit (N° 11020) composé de masses écailleuses micacées groupées en éventail rappelant certaines autunites.

 

VANURALITE *** Al (UO2)2 (VO4)2 (OH) 11H2O

Ce minéral se déshydrate progressivement en métavanuralite, qui lui est par conséquent toujours associée. Il apparaît dans les mêmes types de gisements que la francevillite. Le spécimen que nous avons choisi est le meilleur connu et provient de Mounana (Gabon) : masse de 10 x 10 cm de cristaux lancéolés, donnant des groupements flabelliformes de couleur jaune citron sur gangue. L'acquisition date de 1973.

 

VIVIANITE *** Fe3(PO4)2 8H2O

La vivianite est un minéral de répartition mondiale. Pourtant, jusque vers 1960, il n'était connu qu'en cristaux centimétriques. C'est à cette époque qu'au cours de prospections organisées au Cameroun pour l'uranium, de très grands Cristaux inclus dans des bancs argileux furent signalés près du village d'Anloua. Depuis, de nombreuses missions du S.C.E.M. ont permis de récolter des individus lancéolés mesurant plusieurs mètres, raboteux en surface, mais remarquablement transparents à l'intérieur. Le musée possède la meilleure série connue, avec notamment une gerbe parfaite de 1,35 x 0,50 m. Une partie de rosette totalement altérée, mesurant 4,50 m, est exposée au S.C.E.M. (B.R.G.M. à Orléans).

 

WULFÉNITE *** PbMoO4

Avec l'azurite et la dioptase, la wulfénite est le minéral le plus spectaculaire des zones d'oxydation des dépôts métallifères. Les beaux cristaux tabulaires (plus rarement bipyramidaux) de teinte séduisante Sont très recherchés par les collectionneurs. Les gisements sont relativement abondants : cristaux gris et bruns au Congo (M'Fouati, Renéville...) ; cristaux bruns et orangés au Mexique (Los Lamentos) et dans plusieurs gisements du sud-ouest des Etats-Unis ; cristaux jaunes au Maroc (Touissit, Djebel Mahseur) ; en Yougoslavie (Mezica) et en Arizona ; Cristaux rouge vif à Chah-Kharboze (Iran) et surtout à la célèbre mine de Red-Cloud, en Arizona. Le Musée est riche en belles wulfénites ; deux spécimens attirent particulièrement l'attention un groupe, provenant de M'Fouati (de 50 x 40 cm), formé de cristaux gris de 5 à 10 cm, en partie recouvert d'une mince couche cristallisée de quartz, surtout exceptionnel par sa taille et l'incomparable cristal de 4 cm d'un somptueux rouge vif délicatement posé sur sa gangue, provenant de Red-Cloud. Ce gisement a produit les plus belles wulfénites du monde. L'échantillon N° 15887 fut l'un des plus beaux fleurons de la collection personnelle du colonel Vésignié, qui l'avait acheté 770 F à l'Américain A. Montgomery en avril 1938.

 

Cette liste est cependant loin de résumer le contenu des vitrines, et de nombreux spécimens parmi les meilleurs connus seraient encore a décrire citons simplement une extraordinaire tyrolite (N° 13931) d'Oviedo, en Cristaux vert intense de 2 cm ; une creedite de Santa-Eulalia (N° 16585) de 8 x 5 cm, avec cristaux d'un joli mauve pâle de 3 cm un monocristal de wollastonite de 34 cm (Belafa, Madagascar, 00 16663); une incroyable endlichite de Touissit (Maroc) (N° 16598), plaque de 50 x 50 cm Couverte de prismes bexagonaux de 3 cm ; des cristaux de tysonite de 5 cm (Manitou-Spring, Colorado, U.S.A.) (N° 5326) une superbe argyrodite de 7 x 3 cm, avec des cristaux de 1 à 2 cm (Oruro, Bolivie) (N° 5603); un cristal de 4 x 2 cm de géocronite de Toscane (N° 11136), l'un des cinq ou six connus ; un très précieux argent natif de Kongsberg (Norvège), magnifique assemblage de 5 x 6 cm composé de cristaux parfaits centimétriques (N° 30, ancien catalogue N° M1694) ; une andorite de dimension étonnante (7 cm) d'Oruro (Bolivie) (N° 16465); un cristal de péridot (N° 15889) de 6 cm, absolument gemme et parfaitement cristallisé de Zebirget (Egypte) ; une remarquable aigue-marine en fuseau (Tres-Barras, Minas Gerais, Brésil), de la meilleure couleur et totalement transparente (N° 15428) ; deux spectaculaires émeraudes sur gangue de Muso (Colombie) (Nos 6334 et 4742)... et un grand nombre d'autres cristallisations de grand intérêt, dont nous laissons le plaisir de la découverte aux visiteurs.